règles prendra, en même temps que ses tablettes,
l’esprit d’un censeur loyal. Il osera effacer les mots
qui manqueront d’éclat, ou de force, ou de noblesse,
bien qu’ils s’y refusent et soient encore retirés dans
le sanctuaire de Vesta ; il exhumera et produira à
la lumière les bonnes expressions des choses,
longtemps ignorées du public, qui, renouvelées des
vieux Cato et Céthégus, languissent aujourd’hui
rongées par la rouille et délaissées dans leur
vétusté ; il en ajoutera de nouvelles, que l’usage
engendre et produit. Véhément, clair, semblable
à un fleuve limpide, il répandra ses richesses et
baignera le Latium de sa langue opulente. Il
retranchera les surabondances, polira d’une main
sûre les aspérités, relèvera ce qui manque de
force, aura l’air de se jouer et se tourmentera
comme celui qui représente tantôt le Satyre,
tantôt l’agreste Cyclope. Je passerais volontiers
pour un écrivain insensé et paresseux, pourvu que
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épitres.