Page:Horace - Œuvres, trad. Leconte de Lisle, II.djvu/250

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
242
épitres.

çons les endroits non redemandés ; quand nous nous plaignons que nos travaux ne soient pas connus et que l’on ne considère pas la façon délicate dont nos poëmes sont conduits ; quand nous espérons que, dès que tu auras appris que nous faisons des vers, tu nous appelleras à la hâte auprès de toi, tu nous sauveras du besoin et tu nous contraindras d’écrire.

Cependant, il est important de connaître quels sont les gardiens du temple, ceux qui célèbrent ta vertu dans la paix et dans la guerre, tâche qu’on ne doit pas confier à un poëte indigne. Il fut aimé du grand roi Alexander, ce Chœrilus qui, pour ses vers incultes et mal venus, reçut, en monnaie royale, tant de philippes. Mais, de même que l’encre laisse sa trace et sa souillure, de même les écrivains ternissent d’un mauvais vers les actions sublimes. Ce même roi qui, dans sa prodigalité, paya si cher un poëme si ridicule, défendit par un