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livre ii, épitre i.

de l’aurone à un malade. Les médecins répondent de ce qui concerne la médecine ; les ouvriers, des choses de leur métier. Savants ou ignorants, nous écrivons tous des poëmes.

Cependant cette erreur, cette folie légère, a beaucoup de bon, ainsi que tu vas le voir. La nature du poëte n’est point d’être avare ; il aime uniquement les vers ; il se rit des pertes d’argent, des fuites d’esclaves et des incendies ; il ne médite point de frauder un associé ou son pupille encore enfant ; il vit de pois chiches et de pain de seconde qualité. Bien que mauvais soldat, il est utile à la cité, si tu m’accordes que les grandes choses puissent être aidées par les petites. Le poëte façonne la bouche tendre et balbutiante de l’enfant ; il détourne déjà son oreille des discours obscènes. Bientôt il formera son cœur par des préceptes amis, et le corrigera de la rudesse, de l’envie et de la colère. Il raconte les belles actions ; il in-