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livre ii, épitre i.

manière. Il repousse et déteste ce qui n’a pas quitté la terre, ce qui n’est point mort avec son temps. Il est tellement attaché aux anciens, que les Tables défendant de faillir, sanctionnées par les Décemvirs, les traités des rois, soit avec les Gabiens, soit avec les rigides Sabins, les livres des Pontifes, les antiques volumes des Devins, il croit que les Muses les ont dictés sur le mont Albain. Si, parce que les plus antiques écrits des Græcs sont les meilleurs, les écrivains Romains sont pesés dans la même balance, nous n’avons plus rien à dire : il n’y a rien de dur dans l’olive, ni au dehors de la noix. Nous sommes au faîte de notre destinée. Peintres, chanteurs, lutteurs, nous en savons plus que les Achaiens frottés d’huile. Si le temps rend les poëmes meilleurs, comme les vins, je voudrais savoir combien d’années il faut pour accroître le prix d’un livre. L’écrivain qui est mort depuis cent ans doit-il être compté parmi les parfaits et les an-