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livre i, épitre xix.

mêle aussi à sa muse le mètre d’Archilochus. AIcæus fait de même, mais les choses et l’arrangement diffèrent : il ne cherche point à déshonorer un beau-père en de noires poésies, ni à serrer d’un lacet le cou d’une fiancée à l’aide d’un vers infamant. Ce poëte qu’aucune bouche n’avait encore récité, moi, chantre Latin, je l’ai fait connaître. Je m’honore d’apporter des choses non connues, d’être tenu par de nobles mains et d’être lu par de nobles yeux.

Veux-tu savoir pourquoi le lecteur ingrat aime et loue mes œuvres légères chez lui, et les déprime injustement quand il a passé son seuil ? je ne quête pas les suffrages de la plèbe mobile par des repas et le don de vieux habits ; je ne suis ni l’auditeur, ni le vengeur de nos nobles écrivains ; je ne daigne pas me mêler aux tribus des grammairiens et m’incliner devant leurs tréteaux. De là leurs larmes. Si je dis que j’ai honte de réciter des choses indignes d’un nombreux auditoire et d’attacher de l’im-