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livre i, satire ii.

encolure hardie. Et ils agissent bien. Il ne faut pas regarder la beauté du corps avec les yeux de Lyncée et se montrer plus aveugle qu’Hypsæa pour la laideur : Oh ! quelle cuisse ! oh ! quels bras ! mais point de hanches, un grand nez, point de taille et des pieds longs. On ne peut rien voir d’une matrone que son visage ; à moins d’être Catia, elle cache le reste sous sa robe flottante. Si tu recherches les choses défendues, entourées d’un retranchement, car c’est cela qui te tourne la tête, les obstacles s’offrent en foule : des gardes, une litière, des coiffeurs, des parasites, une stole qui tombe jusqu’aux talons et un manteau par-dessus, autant d’empêchements à ce que les choses te paraissent ce qu’elles sont. Chez l’autre, rien ne s’y oppose : grâce aux tissus de Cos elle se montre à toi presque nue ; tu vois si elle a le pied difforme ou la jambe mal faite ; et, du regard, tu pourrais mesurer sa taille. Aimerais-tu mieux être pris au piège et payer avant que la marchandise ait été montrée ?