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épitres.


Cependant, lis et cause avec les doctes ; cherche ainsi à mener doucement ta vie, sans que le désir t’agite et te blesse en te laissant toujours pauvre, sans crainte et sans l’espérance des choses médiocrement utiles. La science enseigne-t-elle la vertu ? La nature la donne-t-elle ? Cherche ce qui diminue les soucis, ce qui te rendra ton propre ami, ce qui te donnera la tranquillité pure, que ce soient les honneurs, la douce aisance, ou un chemin secret, un sentier mystérieux de la vie. Pour moi, toutes les fois que je me refais sur les bords de la Digentia, ce frais ruisseau que boit le bourg toujours froid de Mandéla, que penses-tu, ami, que je sente et que je désire ? de conserver ce que j’ai maintenant, moins encore ; de vivre pour moi ce qui me reste à vivre, si les Dieux veulent que je vive encore ; d’avoir, pour l’année, une bonne provision de livres et de blé afin de ne point flotter, inquiet de l’incertitude de l’heure future. C’est