Page:Horace - Œuvres, trad. Leconte de Lisle, II.djvu/220

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
212
épitres.

n’a-t-il pas agi virilement ? Certes, voilà, évidemment, ce qu’il nous faut chercher. Celui-là repousse un fardeau comme trop lourd pour son faible cœur et pour son faible corps ; celui-ci le soulève et l’emporte. Ou la vertu est un vain nom, ou la gloire et la récompense appartiennent justement à l’homme entreprenant.

Qui se tait sur sa pauvreté, devant son roi, reçoit plus que le solliciteur. Il y a une différence entre prendre avec modestie et arracher. C’est le point capital, la source des choses. — « Ma sœur n’a point de dot, ma mère est pauvre, mon bien-fonds n’est pas vendable et ne peut me nourrir ; » celui qui parle ainsi crie : « Donne moi à manger ! » Un autre ajoute : « Et moi, n’aurai-je point une part de ce don ? » Mais, si le corbeau pouvait se repaître en silence, il aurait plus de nourriture, et beaucoup moins de querelles et d’envieux. Celui qui est emmené comme compagnon de voyage à Brundusium ou à l’aimable Surrentum, qui se plaint