Page:Horace - Œuvres, trad. Leconte de Lisle, II.djvu/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
14
satires.

conseils, pourvu que tu veuilles te régler et discerner ce qu’il faut choisir d’avec ce qu’il faut fuir ! Penses-tu qu’il soit indifférent de souffrir par ta propre faute ou par celle des choses ? C’est pourquoi, de peur de t’en repentir, cesse de poursuivre les matrones ; c’est un travail qui donne plus de mal que de bons résultats. Avec ses perles et ses émeraudes (s’il m’est permis, Cérinthus, de parler de ce que tu possèdes), une femme n’a pas la cuisse plus délicate et la jambe plus droite, et on trouve mieux souvent sous la toge. Ajoute ceci que la courtisane offre une marchandise non fardée ; elle montre ouvertement ce qu’elle vend ; elle ne vante et n’étale point ce qu’elle a de beau et ne dissimule point ce qu’elle a de laid.

C’est la coutume de nos riches, quand ils achètent des chevaux, de les examiner couverts, de peur que, ce qui arrive souvent, l’apparence soit belle, avec des jambes faibles, et que l’acheteur ébahi soit trompé par de belles croupes, une tête petite et une