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livre i, épitre xiv.

ce que tu crois désert, inhospitalier et sauvage, celui qui sent comme moi le nomme charmant, et il déteste ce que tu trouves beau. C’est le lupanar, je le vois, et le cabaret graisseux qui te donnent le regret de la ville, et aussi ce petit coin de terre qui porterait du poivre et de l’encens plutôt qu’une grappe de raisin. Il n’y a point de taverne voisine qui puisse t’offrir du vin, ni de joueuse de flûte débauchée qui te fasse, au bruit de sa musique, lourdement sauter de terre ; et cependant tu défriches des champs non touchés du soc depuis longtemps, tu prends soin des bœufs dételés et tu les rassasies d’herbages coupés. Quand tu veux te reposer, autre travail : le ruisseau, si la pluie tombe, te contraint de garantir la prairie prochaine à l’aide d’une forte digue.

Maintenant, apprends ce qui nous divise. Celui à qui plaisaient les toges fines, les cheveux brillants, qui, tu le sais, fut aimé gratuitement de la rapace Cinara, et qui buvait le Falernum dès le