Page:Horace - Œuvres, trad. Leconte de Lisle, II.djvu/200

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
192
épitres.

Lesbos, de l’élégante Samos, de la royale Sardis de Crœsus, de Smyrna et de Colophon ? Valent-elles mieux ou moins que leur réputation ? Tout cela n’est-il pas inférieur au Champ-de-Mars et au Tibéris ? Une des villes Attaliques t’a-t-elle plu ? Préfères-tu Lébédus, en haine de la mer et des voyages ?

Tu sais ce qu’est Lébédus ? un bourg plus désert que Gabiæ et que Fidénæ. Cependant, je voudrais vivre là, oublieux des miens, oublié d’eux, et contemplant du rivage la lointaine fureur de Neptunus.

Mais celui qui vient de Capua à Roma, couvert de pluie et de boue, ne voudrait pas vivre dans l’auberge où il s’arrête. Celui qui, ayant eu froid, se réjouit des fourneaux et du bain, ne croit pas que ce soit là la meilleure des existences. Si l’Auster furieux t’a fait rouler en haute mer, tu ne vendras pas pour cela ta nef après avoir passé la mer Ægæenne. Rhodos et la belle Mityléné, puisque