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livre i, épitre ii.

études et aux choses honnêtes, tu veilleras tourmenté par l’envie ou par l’amour. Pourquoi te hâter de retirer de ton œil ce qui le blesse, et diffères-tu de toute une année de guérir ton esprit, s’il est malade ? Commencer, c’est avoir fait la moitié de la tâche. Ose être sage : commence. Qui retarde l’heure de vivre honnêtement attend comme le campagnard que le fleuve ait cessé de couler ; mais il coule et il coulera roulant ses eaux pendant tous les âges. On cherche de l’argent, une femme riche pour avoir des enfants ; on laboure des forêts incultes. Qu’il ne souhaite rien de plus, celui qui a le nécessaire. Ni la maison, ni le domaine, ni le monceau d’airain et d’or ne font sortir la fièvre du corps malade de leur possesseur, ni les soucis de son esprit : s’il veut jouir des choses qu’il a amassées, il faut qu’il se porte bien. À celui qui désire ou qui craint, sa maison et sa richesse font le même bien qu’un tableau peint à des yeux malades, des fomentations à