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épitres.

livres qui purifient, trois fois lus. Envieux, irritable, paresseux, ivrogne ou débauché, il n’est aucun homme si sauvage qui ne puisse être adouci s’il prête une oreille docile aux leçons.

Fuir le vice est une vertu, et la première sagesse est d’être exempt de folie. Vois combien un petit revenu et un refus honteux te semblent de grands maux, et avec quel travail d’esprit et de corps tu les évites. Tu cours, marchand infatigable, jusqu’aux extrémités des Indes, fuyant la pauvreté à travers la mer, les rochers, les flammes ; et tu ne te soucies pas de juger ces biens que tu admires et désires stupidement, et tu ne veux point en croire un plus sage que toi, ni même l’écouter. Quel pugiliste de village et de carrefour mépriserait la grande couronne Olympique, si on lui donnait l’espoir et si on lui faisait cette douce condition d’emporter la palme sans combat ? L’argent est plus commun que l’or, et l’or que la vertu.