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épitres.

sonne fréquemment à mon oreille purifiée : « Aie le bon sens de renvoyer à temps ton cheval qui vieillit, de peur qu’il fasse rire à la fin et perde les entrailles. » C’est pourquoi je laisse là les vers et les autres bagatelles. Je m’inquiète et m’occupe du vrai et de l’honnête, je m’y renferme tout entier ; j’amasse et je recueille ce dont je pourrai me servir. Si tu me demandes sous quel chef, sous quel Dieu Lare je m’abrite, je ne jure au nom d’aucun maître, je m’arrête, hôte d’un moment, partout où m’entraîne la tempête. Tantôt je suis actif, je me plonge dans les ondes publiques, je suis le gardien et le satellite rigide de la vertu véritable ; tantôt je retombe insensiblement dans les doctrines d’Aristippus et je m’efforce de dominer les choses au lieu d’être dominé par elles. De même que la nuit est longue à ceux dont la maîtresse ne vient pas, et le jour long à ceux qui doivent leur travail, et l’année lente aux pupilles qu’opprime la dure