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livre ii, satire vi.

compagnon. Tous ceux qui vivent sur la terre ont reçu des âmes mortelles, et ni grand, ni petit n’échappe à la mort. C’est pourquoi, mon bon, pendant que tu le peux, il te faut jouir des choses agréables et vivre heureux, te souvenant que la vie est brève. »

Ces paroles excitèrent le campagnard, et il sauta légèrement hors de son trou ; et tous deux se mirent en route, désirant entrer de nuit dans la ville par-dessous les murs. Déjà la nuit avait envahi la moitié du ciel, quand ils pénétrèrent tous deux dans une riche maison, où des tapis teints de pourpre couvraient des lits d’ivoire, et où étaient restés les nombreux reliefs d’un grand festin donné la veille, et contenus dans des corbeilles superposées.

Ayant placé le campagnard sur un tapis de pourpre, le rat de ville s’empresse et sert mets sur mets, goûtant d’abord tout ce qu’il apporte,