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satires.

c’est de toi que parle la fable. Tu t’endors, la bouche ouverte, sur tes sacs amassés de tous côtés, et tu n’y peux toucher comme s’ils étaient sacrés, et tu n’en peux jouir que comme d’une peinture. Ignores-tu ce que vaut l’argent et à quoi il sert ? Achète un pain, des légumes, un setier de vin, enfin ce dont la nature humaine souffre quand on le lui refuse. Veiller à demi moit de peur, redouter jours et nuits les voleurs, les incendies, ou que tes esclaves te pillent et s’enfuient, cela te plaît-il ? Puissé-je toujours rester très-pauvre de ces biens-là !

Mais quand ton corps souffre, saisi de frissons, quand tout autre mal te cloue sur ton lit, as-tu quelqu’un qui te veille, qui prépare les remèdes et qui demande au médecin de te guérir, de te rendre à tes enfants et à tes chers parents ? Ta femme ne veut pas qu’on te sauve, ni ton fils ; tous tes voisins te haïssent, et ceux que tu connais, jeunes hommes et jeunes filles. Tu t’étonnes, ayant mis