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livre ii, satire v.

fois, elle a goûté d’un vieillard et en a partagé le profit avec toi, on ne pourra pas plus l’en arracher qu’un chien d’un cuir graissé. J’étais vieux quand arriva ce que je vais dire. Une vieille femme rusée de Thébæ fut ainsi portée en terre, suivant son testament : son héritier porta sur les épaules nues son cadavre tout trempé d’huile ; elle voulait ainsi lui échapper morte, car je crois qu’il l’avait serrée de trop près vivante. Sois prudent, ne faiblis pas à la tâche, mais ne sois pas immodérément empressé. Un bavard irrite un homme difficile et morose : cependant, ne te tais pas de parti pris. Sois comme le comédien Davus : baisse la tête, aie l’air de trembler. Avance par la complaisance : si le vent fraîchit, dis-lui habilement qu’il faut couvrir sa chère tête ; tire-le de la foule en le préservant de tes épaules ; prête l’oreille à sa loquacité. Il aime les louanges à satiété ? jusqu’à ce qu’il crie : « Ohé ! » en levant les mains vers le ciel, insiste, et gonfle