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satires.

cherché ; tandis que toi, ni l’été brûlant, ni l’hiver, ni le feu, ni la mer, ni le fer, ne t’arrachent au gain : rien ne t’arrête, tant qu’un autre est plus riche que toi.

Que te sert de déposer furtivement et en tremblant cet immense poids d’or et d’argent dans la terre creusée ? Quoi ! si tu l’entamais, il ne vaudrait plus qu’un misérable as ! Mais, si tu ne l’entames, qu’a donc de bon cet amas de métal ? Quand ton aire battrait cent mille mesures de froment, ton ventre n’en contiendrait pas plus que le mien. Si, entre les esclaves, tu portais le filet aux pains sur ton épaule, tu n’en aurais pas davantage que celui qui n’aurait rien porté. Qu’importe, dis-moi, à qui vit dans les bornes de la nature, de labourer cent arpents ou mille ? Mais il est doux de puiser à un grand tas. Pourvu que tu me laisses puiser tout autant à un petit, pourquoi préférerais-tu tes granges à mes paniers ? C’est comme si, ayant