Page:Horace - Œuvres, trad. Leconte de Lisle, I.djvu/264

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
256
art poétique.

père, aux miennes, et qu’il reste enfermé neuf ans. Il te sera permis d’effacer sur le parchemin conservé chez toi et que tu n’auras point publié ; mais la parole lâchée ne revient pas.

Le divin Orpheus, interprète des Dieux, détourna du meurtre et d’une immonde nourriture les hommes qui hantaient les bois, et c’est pour cela qu’il est dit avoir adouci les tigres et les lions féroces. On dit de même qu’Amphion, fondateur de la citadelle Thébaine, remuait les pierres au son de la lyre, et, par sa prière harmonieuse, les menait où il voulait. Ce fut l’antique sagesse de distinguer les intérêts publics des intérêts privés, les choses sacrées des choses profanes, d’interdire l’accouplement brutal, d’établir les droits du mariage, de fortifier les villes, de graver les lois sur le bois. C’est ainsi que l’honneur et la gloire furent acquis aux divins poëtes et à leurs poëmes. Après eux, l’illustre Homérus et Tyrtæus animèrent les mâles esprits