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art poétique.

les Dieux, ni les piliers des libraires ne permettent la médiocrité aux poëtes. De même que, dans les repas agréables, une symphonie discordante, un parfum grossier et du pavot avec du miel Sarde, déplaisent, parce que le repas pouvait se passer de ces choses ; de même un poëme né et inventé pour charmer les esprits tombe au plus bas, s’il descend quelque peu du faîte. Celui qui ignore les jeux du Champ-de-Mars s’en abstient ; celui qui est inhabile à la balle ou au disque reste en repos, afin que les épaisses rangées de spectateurs ne rient point aux éclats ; mais celui qui n’entend rien aux vers ose en faire. Pourquoi non ? on est libre et noble, on a le revenu d’un chevalier, on est exempt de tout blâme. Pour toi, tu ne diras, ni ne feras rien malgré Minerva. Tel est ton sentiment, et tel est ton dessein. Si, cependant, tu écrivais un jour quelque chose, soumets ton ouvrage aux oreilles de Mæcius, à celles de ton