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art poétique.

longs calculs à diviser un as en cent parties : — Que le fils d’Albinus dise ce qui reste, si de cinq onces on en retranche une. — Tu pourras répondre : — Le tiers. — Très-bien ! tu sauras défendre ton patrimoine. Ajoute une once, qu’as-tu ? — Six onces. — Quand cette rouille et ce souci du gain ont pénétré les esprits, nous espérons encore qu’ils feront des vers dignes d’être parfumés d’huile de cèdre et conservés dans le cyprès léger !

Les poëtes veulent instruire ou plaire, ou, tout ensemble, dire des choses agréables et qui servent à la vie. Quelque précepte que tu donnes, sois bref, afin que les esprits dociles entendent promptement tes paroles et les retiennent fidèlement. Tout ce qui est superflu est rejeté de l’esprit trop plein. Que les fictions qui causent notre plaisir soient vraisemblables ; qu’une pièce ne demande pas qu’on croie tout ce qu’elle veut ; qu’elle ne retire pas un enfant vivant du ventre d’une Lamia