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art poétique.

pourpre royale, ne descende pas au grossier langage des obscures tavernes, ou, de peur de ramper, ne se perde pas dans les nuées et le vide. La tragédie s’indigne des vers plaisants, et, comme la matrone qui doit danser les jours de fête, ne se mêle qu’avec honte aux Satyres impudents.

Pour moi, Pisons, je ne choisirais pas seulement des paroles fortes et brutales, si j’écrivais une œuvre satyrique, et je ne m’efforcerais pas d’éviter la couleur tragique au point de faire parler de même Davus ou l’audacieuse Pythias qui extorque un talent à Simo, et Silénus, nourricier, compagnon et serviteur d’un Dieu. Je tirerais mon sujet d’un fonds connu, de sorte que chacun pût espérer en faire autant, mais qu’on suât et qu’on peinât à la tâche en l’osant en vain. Tant ont de puissance l’ordre et l’enchaînement, tant on peut s’illustrer avec des choses prises au milieu vulgaire ! Que les Faunes sortis de leurs forêts prennent