Page:Horace - Œuvres, trad. Leconte de Lisle, I.djvu/211

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
203
épodes.


VI. — CONTRE UN POÈTE MÉDISANT.


Pourquoi tourmentes-tu les étrangers inoffensifs, chien, lâche contre les loups ? Tourne de ce côté, si tu l’oses, tes vaines menaces. Que ne me mords-tu, moi qui te mordrais à mon tour ? Car, tel que le Molosse ou le fauve Laconien, robuste ami des bergers, je poursuis, la tête haute, à travers les neiges amoncelées, quelque bête sauvage que ce soit ; mais toi, quand tu as rempli les bois de cris effrayants, tu flaires la pâture qu’on t’a jetée. Prends garde, prends garde, car je suis très-rude et prêt à frapper les mauvais de la corne, comme le gendre offensé de Lycambès, ou le terrible ennemi de Bupalus. Crois-tu que, si quelqu’un me mordait d’une dent furieuse, je pleurerais, sans me venger, comme un enfant ?