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livre premier.

duisent, nef qui me dois Virgilius que je t’ai confié ! Puisses-tu le rendre sain et sauf aux rivages Attiques et me conserver la moitié de mon âme ! Il avait la vigueur du chêne et un triple airain autour de la poitrine, celui qui livra le premier une nef fragile à la mer terrible et qui ne craignit ni l’impétueux vent d’Afrique luttant avec les Aquilons, ni les tristes Hyades, ni la rage du Notus, ce maître tout-puissant de l’Hadria, qu’il veuille en soulever ou en apaiser les flots. Quelle image de la mort redoutait-il, celui qui, de ses yeux secs, vit les monstres nageants et la mer gonflée et les infâmes écueils Acrocérauniens ? C’est en vain qu’un Dieu prudent a séparé les terres par l’Océan qui disjoint, si les nefs impies franchissent les gués qui ne