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livre troisième.

rien, et, transfuge, je quitte le parti des riches.

Je suis plus opulent, maître d’un bien méprisé, que si j’entassais dans mes granges tout ce que moissonne le laborieux Appulien, pauvre au milieu de grandes richesses.

Un cours d’eau vive, un bois de quelques arpents et l’assurance de ma récolte me font plus heureux, sans qu’il s’en doute, que le possesseur de la fertile Africa.

Bien que les abeilles de la Calabria ne m’offrent point leur miel, que Bacchus ne s’amollisse point pour moi dans les amphores Læstrygoniennes, et que d’épaisses toisons ne croissent point pour moi dans les pâturages Galliques,

Cependant, la pauvreté importune est loin de moi, et, si je voulais plus, tu ne refuserais pas de me le donner. En resserrant mon désir, j’étendrai mieux mes revenus,