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manquèrent pas de montrer combien était sincère leur reconnaissance ; et firent, par mille paroles, goûter aux gens de bien, leurs sauveurs, quel délice c’est que répandre autour de soi le bonheur. »

— « Merci de votre histoire, Charité, dit la Reine des Fées : rien de plus intéressant. Je vois que la Fée Justice a hâte de nous faire son récit, mais je crains aussi que notre petite Princesse ne soit par trop fatiguée. Sa joue est rouge déjà d’émotion, peut-être sera-t-elle aise de se reposer. Allons au parc, et, pendant que vous danserez au clair de la lune, Blanche dormira dans mon bosquet. » Vite les Fées bondissent aux pieds de la visiteuse et de leur Reine, les musiciennes sautant pour cela de leur branche ; toutes s’assemblent sur le velours des gazons. Le bosquet léger de la Reine des Fées reposait sur les rameaux de trois grands arbres, poussant l’un près de l’autre et faisant se toucher leur frondaison gracieuse, mais sans rien masquer de la vue entière de la prairie. Deux grands cygnes s’avancent, et Blanche, à l’imitation de la Souveraine et sur son ordre, s’assoit sur le dos de l’un d’eux, qui l’emporte à la féerique demeure, plus enchanteresse mille fois que tout ce qu’avaient jamais peint à son imagination ses rêves les plus brillants.