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Méfiez-vous de la langue astucieuse du Génie, ne prêtez point l’oreille à sa voix, car, si vous vous retournez une seule fois pour écouter, le pied vous glissera et vous vous engouffrerez dans un des puits nombreux qui abondent en cette région. — Vite ! Ne perdez pas un moment… Brûlez la route. » Parlant ainsi et lui faisant un amical salut d’adieu, elle s’évanouit dans l’air. Ce guide sympathique avait à peine disparu, que le Prince se sentit presque mêlé à l’étreinte des bras déjà grands ouverts du Génie. D’un bond il sauta outre ; et fuit le long du périlleux sentier, talonné par le monstre dont les lourdes enjambées, qu’il entendait très-près derrière lui, faisaient presque défaillir d’effroi le cœur du brave garçon. Après une course qui parut au Prince interminable, voici qu’à son grand plaisir le bruit de ces pas qui le poursuivaient se fit, au bout d’un temps, de moins en moins distinct. Les forces lui manquant, et comme la lassitude de tous ses membres le faisait soupirer après un peu de repos, une voix agréable et consolante chuchota : « Pourquoi si fort te hâter maintenant ? Tout danger est passé. Ton ennemi est loin derrière et tu peux respirer un moment et te reposer. Regarde, pour te convaincre, tout autour de toi. »

Sur le point de tourner la tête, obéissant à une impulsion