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sa peau, pareille à celle de l’hippopotame, lançait de vives étincelles, et de ses naseaux jaillissaient des flammes, pendant qu’il fixait silencieusement son regard sur les intrus. La Nymphe, sans peur, l’écarta du geste, intimant au Prince de la suivre ; ils n’étaient pas plutôt entrés que les grands vantaux noirs se fermèrent avec un terrifiant cliquetis, l’éclat d’un rire démoniaque déchirant les airs : bruit qui fit se figer un instant dans ses veines le sang du Prince !

Désireux de secouer cette influence accablante, il regarda autour de lui, et vit un immense désert, ou une plaine, couvert d’êtres rampants du plus hideux aspect, qu’il apprit plus tard être des mortels enchantés, tombés au pouvoir du Génie et ayant à lécher la poussière en expiation de leurs offenses terrestres. L’air était suffocant et lourd : une lugubre et brûlante lumière brillait de tout son desséchant pouvoir sur la triste solitude. Ils virent le Génie redouté s’avançant vers eux, terrible, dans un nuage de fumée : la Nymphe à son approche donna au Prince l’avis que voici : « Avant de pouvoir reconquérir le talisman perdu par votre sœur, il vous faut traverser cette plaine déserte et gagner la porte extrême. Le parcours sera hérissé de dangers, que vous pourrez tous surmonter, si vous poursuivez intrépidement votre route.