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de poissons joliment marbrés et des créatures extraordinaires qu’il n’avait jamais considérées encore ; mais ne voulut s’arrêter pour les examiner, se rappelant que sa sœur avait à souffrir jusqu’à son retour. Avide du but, le voilà bientôt à l’embouchure du fleuve, où il entendit un cri de douleur. Son étonnement fut grand d’ouïr pareil bruit émaner du fond de la mer : il nagea précipitamment dans la direction, et vit un beau petit dragon d’or dans la gueule d’un énorme lion de mer, dont les crocs aigus lui entraient déjà dans la chair. Le Prince, frappant de toute sa force le méchant poisson et le faisant ainsi lâcher prise, recueillit dans sa main le dragonneau meurtri ; et, en le touchant doucement, essaya de fermer les blessures qu’avaient faites les dents du lion de mer, parlant au pauvret d’une voix caressante : mais celui-ci, à sa grande surprise, se fit de plus en plus petit, jusqu’à ce qu’enfin il se réduisît à rien et s’évanouît. Tandis qu’il restait à contempler sa main vide, René entendit une voix qui s’adressait à lui timidement, et, levant les yeux, vit devant lui une belle Nymphe, laquelle parla de la sorte : « O très-bon et très-noble Prince, comment vous remercier suffisamment de votre bonté, qui m’a rendue à ma forme originelle ? Un hideux Génie me changea en dragonneau, parce que je refusai de