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france. — « Oh ! l’être misérable que je suis ! » s’exclama-t-elle, sa rage presque épuisée et comme elle ne ressentait plus que la douleur et l’abandon. « Affligée et pas aimée, à quoi sert la vie ? Même ma servante qui n’a pas pitié de moi, et ne m’assistera que parce qu’elle y est forcée ! » Et elle se remit de lassitude à chercher son lit.

Le Roi et la Reine furent promptement à son chevet, alarmés et fort surpris de cette cécité soudaine. — « Envoyez chercher les premiers oculistes du royaume, » s’écria l’enfant ; « qu’ils calment ma douleur, s’ils ne me peuvent rendre la vue. » On se conforma immédiatement à sa prière : des messagers furent dépêchés à travers tout le royaume, en quête des plus habiles oculistes, qui arrivaient, chacun à leur tour, au palais. Pas une de leurs lotions cependant ne put soulager le mal ; et ils déclarèrent enfin que rien d’autre qu’un pouvoir magique ne saurait guérir la Princesse, attendu qu’ils avaient en vain épuisé leur science. Or la petite fille s’agitait d’impatience dans son lit, nul autour d’elle n’étant capable de la soigner ; tandis que la nouvelle de cette calamité se répandait dans le pays. Mais un jour, dans son désespoir, elle appela à grands cris la Fée Bonté, implorant son aide.