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ment les Géants ; cela, tout juste à temps, car le dernier était à peine lié, que la bande s’éveilla. Imaginez leur furie, leurs vains efforts pour se délivrer. Les matelots rirent de cette rage et les halèrent à bord, où déjà les avait précédés Henri.

« On fit voile alors pour Fortunatum, port et capitale ; et, aussitôt le pied posé sur le rivage, on remit les Géants aux mains de Justice, pendant qu’Henri s’en retournait à la maison, avec l’espoir d’y retrouver Rubis, rendue à sa forme naturelle. À peine était-il de retour dans leur chambre à tous deux, qu’il entendit le bruit d’un léger vol à ses côtés, comme si le vent s’y jouait. Il regarda, vit sa chère femme et la prit dans ses bras. Oh ! comme il la serra contre son cœur pour tant de courage et de patience ! Mais elle dit qu’il fallait en attribuer tout l’éloge à la Fée Amour.

« Exilés, les Géants trouvèrent un refuge dans Terre-Libre, et le roi Beaujeu et Henriot se mirent à l’œuvre pour établir un gouvernement parfait. De brillants cafés spacieux firent mieux qu’égaler en attractions les terribles Palais de la Boisson. Au lieu de tavernes, il y eut force clubs de pauvres gens, avec salles pour fumer et lire ; on y servait aux pauvres, comme rafraîchissements, toutes les boissons saines qu’ils