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« Cette écharpe blanche, » — et elle en prit une qui pendait au hamac, — « attachée à ma ceinture, flottera en l’air et guidera le vaisseau, tout le temps de mon vol, du côté de la caverne. Je vous laisse faire vos préparatifs, et vais, en attendant, voir de quel côté souffle le vent. » Ainsi Rubis quitta la cabine et s’envola très-haut, pour connaître l’état des éléments qui semblaient se faire entre eux une guerre complète, depuis sa venue à bord : à son grand chagrin, elle découvrit que le mauvais Génie Tempête bataillait contre la Fée Amour, et avait changé le vent dans le dessein de retarder de nouveau le vaisseau. Mais, quoique alarmée de voir un si puissant ennemi se liguer avec les Géants, elle ne se découragea cependant point, car elle se rappelait que les méchants peuvent bien l’emporter un moment et nous donner grand mal : ils finissent toujours par avoir le dessous. Malgré les rugissements furieux du Génie, elle reprit son vol, aidée de la bonne Fée. Les voiles se déployèrent, on dérapa l’ancre et le pilote essaya de gouverner dans la direction de l’écharpe blanche, qu’on pouvait voir onduler dans l’air. La brise se leva si terrible que l’équipage prit peur, et Pat, particulièrement, murmura, à l’ordre de faire voile : « Tout cela, c’est par le fait de cette fameuse donzelle ; le diable est dans le vent, je le