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le fit se dresser, puis jeter les yeux alentour, pour voir s’il se pouvait que Rubis fût là tout près : car, sûrement, il ne saurait y avoir d’autres lèvres pareilles aux siennes. C’est en vain qu’il regarda ; il ne put rien voir que les Géants couchés de toutes parts. « J’ai dû le rêver, évidemment, » soupira-t-il. Alors une douce voix lui chuchota à l’oreille : « Ce n’est pas un rêve. Je suis ici pour vous sauver, invisible à présent, grâce à l’influence de ma chère croix de rubis. J’ai répandu un peu d’eau magique sur les paupières des Géants, ce qui les tient, douze heures durant, prisonniers d’un sommeil profond : il faut, pendant ce temps, s’échapper. » — « Mais comment ? » demanda Henri, laissant errer ses yeux hors de la gueule du souterrain, sur les vagues tumultueuses : il se disait qu’elles le rejeteraient à coup sûr en lambeaux contre les rochers, s’il se fiait à leur tendre merci. Rubis parla encore. « Très cher, » dit-elle, « veux-tu suivre mon conseil, qu’a dicté la Fée Amour ? Reste donc, le temps que je vole sur la mer, à la recherche d’un vaisseau bien gréé, et le dirige ici. Je ne te quitte qu’avec douleur, chéri ; mais il ne faut point m’attarder, car, bien que j’aille sur les ailes de l’Amour, le navire n’aura, lui, que des voiles pour se porter à ton secours. Tout délai est un danger. Garde un cœur brave,