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et faillit trébucher par-dessus un grand corps qu’elle n’avait pas aperçu. Heureusement que, légère comme l’air, le Géant ne la sentit pas, mais continua à ronfler, impassible.

« Partout sur le sol gisaient ces hommes immenses. Dormaient-ils ? Non, il y avait de gros yeux ouverts (l’épiant, pensait-elle, quand soudain elle se rappela qu’elle était invisible).

« Comment faire pour inviter au sommeil ces êtres tout éveillés, dont la conscience était évidemment trop mauvaise pour leur permettre de goûter le repos des justes ? Tous, plus ou moins agités, même ceux qui dormaient, se livraient à une foule de bruits, comme possédés tous d’esprits discordants, N’ayant donc aucune idée de ce qu’elle devait faire, la pauvre enfant s’adressa à la Fée Amour, afin d’avoir son aide. À sa surprise, elle vit la Fée prendre la forme de plusieurs jeunes filles à la fois et danser, sous chacun de ces masques, devant le regard appesanti des Géants. Une des almées était sombre et pâle, une mince, grande, cette autre rondelette et petite, types divers de beauté et de hardiesse qu’adoptait une même Enchanteresse, pour répondre à la variété des goûts. Toutes figuraient une personnification de l’Amour s’ébat-