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achevée sa toilette. Avec un grand soupir de soulagement qu’elle poussa devant cette preuve de la puissance de la Fée, Rubis prit sa croix et la baisa non sans amour ; elle fut immédiatement invisible. Regardant en la glace, elle n’y put voir son propre reflet ; et cependant elle se tenait en face du miroir et était à même d’apercevoir dans la chambre toute autre chose qu’elle. Tour magique merveilleux ! Bien, maintenant ; elle était prête, équipée, pour son voyage d’exploration, et ne manquait plus que d’ailes pour s’envoler. À peine avait-elle proféré ce dernier souhait que, sentant quelque chose lui battre aux talons, en non moins de temps elle fut enlevée dans les airs. Elle passa à travers la vitre comme si elle eût été faite d’espace, et vola, au-dessus du pays, droit à la mer. Elle était, malgré ses ailes, dans des transes d’arriver trop tard : car, les Géants peut-être éveillés, comment leur pourrait-elle verser l’eau magique sur les paupières ? Elle vola, vola, jusqu’à ce qu’elle parvînt à la mer ; et, bientôt après, à la caverne, d’aspect si sombré qu’elle s’arrêta de terreur. Quel tumulte faisaient les vagues, lançant de toute leur force l’écume aux murailles de roc, comme furieuses contre les Géants et pour les engloutir ! La jeune femme entra timidement, regardant tout avec peur autour d’elle,