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l’un d’eux, qui semblait un des chefs, poussant tout près du visage d’Henri sa face charnue et parlant d’une voix basse et concentrée, « si vous ne revenez pas sur vos beaux projets, ou si ce que nous voulons ne vous agrée point, je vous le dis, votre vie ne vaut pas cela. » Et il fit grincer un de ses ongles contre un autre, avec un bruit sec, au nez du Ministre.

« Henri cependant se sentait affaibli par la faim et le froid, et Guillot, qui paraissait avoir plus de remords que les autres, lui demanda s’il voulait s’asseoir pour manger. Conserver sa vie est un instinct naturel ; Henri ne refusa pas. Aussi prit-il place, pendant que les Géants semblaient à leur insu respecter sa présence et souhaiter de le mettre à l’aise, lui offrant ce que leur table comportait de meilleur, partageant aussi avec lui leur chaud breuvage. Cela ranima fort notre gentilhomme, il vit ses forces revenir et se sentit sûr que la bonne Fée, qui l’avait protégé jusqu’à ce moment, trouverait moyen de le sauver. Il se prépara donc à dormir sur le sol humide, sans la moindre crainte qu’on l’assassinât pendant son sommeil. Sa confiance étonnait les Géants ; la plupart d’entre eux en tirèrent l’espoir qu’il ne serait point nécessaire de le tuer.

« Toujours à son rêve, Rubis vit descendre des cieux la Fée