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les noms propres. Une dame voulant caractériser la fierté de quelqu’un, disait un jour fort sérieusement : On diruil qu’il est sorti de la cuisse du jubilé, parce qu’elle était plus familiarisée avec le nom du juhilé qu’avec celui de Jupiter.

D’Aunchalcuni , airain, laiton , on a fait le mot arclial , 01 d’arehai ; mais comme le nom de Richard est plus connu, on a fini par dire fiou-de-richard, etc. etc.

C’est par de semblables causes, et pour n’avoir pas recherché les principes delà langue romane, que les Troubadours ont si souvent varié leur manière d’écrire : on aurait de la peine à se le persuader , si l’on ne l’avait pas lu , qu’un mot aussi simple que celui de folie, eut pu être écrit d’autant de manières qu’il l’a été, car on trouve : folio, foxilia, follia, follor, foilia. folhatge , foidat, foudat, ftileza, folhor.

Je n’ai eu l’honneur de vous entretenir jusqu’à présent, que de la langue provençale dérivée du latin et conservant beaucoup d’expressions celtes et grecques ; mais voici une nouvelle époque qui se présente ; noire pays est traversé, occupé par les Maures, par les Barbares du Nord , et par d’autres peuplades encore, qui nous ont tous laissé des mots de leur langue. Nos relations commerciales avec les Arabes nous en ont fourni un certain nombre aussi. Les langues de nosvoisins, et particulièrement l’Italienne, l’Espagnole, la Catalannc et la Portugaise, qui dans l’origine différaient peu de la nôtre, ayant pris une tournure particulière, ont inventé les mots qui leur étaient nécessaires, dont nous avons adopté un assez grand nombre, comme elles en ont aussi beaucoup emprunté des nôtres. La langue française enfin, étant celle d’un peuple qui s’est occupé de toutes les sciences et de tous les arls , a été obligée de créer beaucoup de mots que nous avons été forcés d’adopter aussi pour pouvoir nous faire entendre.

Dans l’élat actuel, un doit considérer la langue provençale comme un composé de mots latins, celles, grecs, maures, arabes, allemands, saxons, espagnols, italiens, catalans, portugais et français ; on y reconnaît bien l’existence de quelques termes pris de l’hébreu , mais comme ils y ont été introduis par l’intermédiaire du grec ou du latin, un peul négliger d’en donner le tableau , comme je le ferai pour ceux