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Nous t’avons senti ce matin
Si triste, si peu fait pour vivre
Dans ton univers incertain,
Si dressé vers ce qui délivre,
Dans ton trouble, entends-tu nos voix ?
Nous voici, perçois nos haleines,
Nous n’ajoutons pas à tes peines ;
Écoutes-nous, comprends et vois
De quelque douleur qu’on te blesse,
Ne supportes en toi rien d’amer ;
La rancune est une faiblesse ;
Nous ne sauverons qu’un cœur clair !
Vois la terrestre matinée,
L’air bleu dans un ciel frisonnant ;
Cette nuit une rose est née,
Et la cloche s’en va sonnant !

La brume berce le feuillage ;
Le clocher veille le village
L’oiseau se caresse au nuage,
Et tout cela n’est qu’une image
Si lointaine du paysage
Que tes yeux dévoilés verront,
Lorsqu’à la fin de ton voyage,
Tu jetteras l’ancre au rivage
Où tes désespoirs fleuriront.