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CHANT ROYAL

Anges issus de votre ciel royal,
Apportez-nous aux plis de votre traine
Un blanc rayon de l’univers natal
Où l’ême un jour remonte souveraine ;
N’oubliez pas, sucre de nos menus,
Un fruit des champs que nous avons perdus ;
Sur les chenêts où dot 1a fendre grise ;
Roulez le tronc que nul hiver n’épuise ;
D’ombre et de feu tracez sur la cloison
Des signes saints où le secret se lise
Honneur à qui sert folie et raison.

Chaumière basse où je berce mon mal,
Monde rapide où je trompe ma peine,
La transparence ignore ton cristal,
Et le temps luit par dessus ta semaine ;
Ah sur le seuil, les deux bras étendus
Montrons la route aux anges descendus ;
Sous l’arche usée où l’aurore s’irise,
Leur troupe fonce en la place conquise,
Couronne l’hôte, éclaire la maison,
Et sans changer, c’est la terre promise
Honneur à qui sert folie et raison.

Ont-ils cru voir votre essaim matinal
Les insensés ferment leur chambre humaine ;
Mourants de faim, ils boudent le régal ;
Pâles de froids, ils refusent la laine,
Scandalisés (quoi les mots cent fois lus
Offrent du sens de nous mal entendus.
Une saveur, aux gourmets seuls exquise ?
C’est bien ainsi qu’on. lâche une sottise ;
Allez forger la cinquième saison
Ou que le corps n’est pas dans la chemise !)
Honneur à qui sert folie et raison.