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La chaste Pénélope et le vieillard Laërte,
Et ce fils qui bambin fut sevré de son bras. »

Télémaque à ces mots, eut l’âme retroublée ;
Au doux nom de son père il laissa choir un pleur
Et de son manteau pourpre alors avec ampleur
Voila ses traits : le roi le reconnut d’emblée,
Mais longtemps médita dans son cœur attentif
S’il valait mieux l’ouïr, le premier, sur son père,
Ou bien l’interroger, éclaircir le mystère.

Tandis qu’il balançait, ainsi méditatif,
Hélène de sa chambre élevée, odoreuse,
Descendit : telle on voit Diane à l’arc divin.
Adraste lui présente un fauteuil ivoirin,
Alcippe un tapis fait d’une laine moelleuse.
Et Phyle un corbillon d’argent, don d’Alcandré,
Épouse de Polybe, à Thèbes, dans l’Égypte,
Où riche est chaque toit, des combles à la crypte.
Le prince eut du mari deux bains d’argyre ouvré,
Deux tripodes jumeaux, dix talents d’or en barre.
Sa femme obtint d’Alcandre à son tour de beaux dons :
Une quenouille d’or, un ovale talare
D’argyrose massif, bordé d’orins cordons.
C’est ce brillant panier que Phylo, la soubrette,
Apportait plein de fils savamment déliés :
Dessus gît la quenouille, à laine violette.
La reine prit son siège, un banc soutint ses pieds ;
Puis elle interpella son époux, sans attendre :
« Savons-nous, Ménélas, enfant de Jupiter,
De qui nos visiteurs se piquent de descendre ?
Feindrai-je ou non ? Mon cœur m’incite à parler clair.