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Au porche en ce moment, avec leur attelage,
Le héros Télémaque et le fier Nestorin
S’arrêtèrent : le bruit fait sortir Étéone,
Intendant dévoué du noble souverain.
Il rentre, et, d’une voix qui comme un trait résonne,
Annonce la nouvelle au blond pasteur de gens :
« Voici deux étrangers, ô mon céleste maître,
Deux hommes que pour dieux on pourrait reconnaître.
Dis s’il faut dételer leurs coursiers diligents,
Ou bien que par faveur un autre les maisonne. »

Mais le bon Ménélas, enflammé de courroux :
« Hier tu n’étais pas sot, Boéthide Étéone ;
Ores, comme un enfant, tu tiens des propos fous.
N’avons-nous pas humé d’étrangère écuelle,
Nous, avant d’être au port ? Puisse Zeus désormais
De tels maux nous garder ! Allons, vite, dételle,
Et que ces voyageurs s’approchent de nos mets. »

Il dit ; et l’intendant de courir au passage,
Entraînant avec lui ses aides journaliers.
Ils délivrent du joug les galopeurs en nage,
Et vont les attachant à d’équins râteliers
Qu’ils fournissent d’épeautre emperlé d’orge blanche.
Le char est appuyé contre un mur éclatant ;
Ensuite aux visiteurs on ouvre porte franche.
Eux, contemplent saisis ce toit d’omnipotent.
Tel reluit en effet le soleil ou la lune,
Tel brillait le séjour du puissant Ménélas.
Lorsque de ce tableau leurs regards furent las,
Dans son flot les reçut la baignoire opportune.
Des femmes, leur bain pris, d’odeurs les aspergeant,