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Ou, s’il te faut la terre, à toi char et chevaux !
Mes fils t’assisteront ; tu les auras pour guides
Jusqu’à la belle Sparte, où siège Ménélas.
Sollicite de lui des vérités rigides :
Ce prince est plein d’honneur, il ne mentira pas. »

Il dit ; le jour mourut, l’ombre devint épaisse.
L’immortelle aux yeux pers en ces mots intervint :
« Ô vieillard, tes discours sont pétris de sagesse ;
Mais coupez toute langue et mélangez le vin,
Afin qu’ayant bu tous à Neptune, aux Célestes,
On aille, il en est temps, dormir dans ses cantons.
Du soleil au couchant ont expiré les restes :
C’est mal de s’attarder aux mets des dieux ; partons. »

Ainsi l’Olympienne ; à son vœu l’on défère.
Les hérauts font aux mains l’ondoiement coutumier ;
Puis maint jeune échanson, remplissant tout cratère,
Passe à chacun sa coupe, y goûtant le premier.
Les langues vont au feu, le vin répandu claque.
Sur ces libations, le boire satisfait,
À bord de leur vaisseau Minerve et Télémaque
De retourner ensemble émirent le souhait.

Mais Nestor les retint par ce suave dire :
« Ne plaise à Jupiter, aux autres Éternels,
Que je vous laisse aller à votre prompt navire,
Comme si j’étais gueux, sans effets personnels,
Comme si je n’avais tapis ni couvertures
Où mes hôtes et moi reposions mollement.
J’ai de beaux couvre-pieds, de superbes fourrures.
Non, d’Ulysse jamais le rejeton charmant