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La coupe de vin doux ; car j’espère qu’il aime
Prier les Immortels : tout homme a besoin d’eux.
Mais il est le plus jeune et semble avoir mon âge ;
Aussi d’abord à toi je tends la coupe d’or. »
Il dit ; et lui remet le suave breuvage.
La déesse approuva ce bon fils de Nestor
Qui du calice exquis l’honorait la première.

Alors elle invoqua le grand dieu longuement :
« Exauce-moi, Neptune, ébranleur de la terre !
Nous, tes dévots, fais-nous réussir pleinement.
Comble, avant tout, de gloire et Nestor et sa race ;
À tous les Pyliens, après ce digne octroi,
Pour leur riche hécatombe accorde mainte grâce.
Enfin au toit natal rends Télémaque et moi,
Ayant atteint le but que chercha notre poupe. »

Tels jaillirent ses vœux, qu’elle-même accomplit ;
Ensuite à Télémaque elle offrit l’ample coupe.
D’Ulysse le cher fils pria d’un même esprit.

Quand les chairs de dessus furent toutes rôties,
On fit les portions, chacun se régala.
De la faim, de la soif les ardeurs ralenties,
L’écuyer Gérénin, Nestor, ainsi parla :
« Il convient, maintenant que sont repus nos hôtes,
De les interroger pour les connaître à fond.
Étrangers, nommez-vous ! qui vous pousse en ces côtes ?
Est-ce une affaire, ou bien errez-vous, comme font
Les pillards qui, sur mer jouant leur existence,
Aux gens de terre ferme apportent le malheur ? »