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Sollicite de lui des vérités loyales ;
Il ne mentira point, car il est plein d’honneur. »

Le prudent Télémaque aussitôt lui réplique :
« Mentor, comment le joindre, à lui comment m’ouvrir ?
Je ne suis pas encore habile à discourir,
Et crains d’interroger, moi jeune, un homme antique. »

Dans ces termes repart la déesse aux yeux pers :
« Enfant, tu parleras à la fois d’abondance
Et sous un choc divin ; car sans les dieux, je pense,
Tes yeux et ton esprit ne se sont pas ouverts. »

Pallas-Minerve dit, et marche décidée ;
Lui, de l’Olympienne à l’instant suit les pas.

Ils joignirent alors la foule présidée
Par Nestor et ses fils : occupés du repas,
Les assistants flambaient, piquaient des chairs solides.
Voyant des hôtes, tous furent les recevoir,
Leur serrèrent la main, leur dirent de s’asseoir.
Le premier, Pisistrate, un des beaux Nestorides,
Ayant saisi leur dextre, au banquet les plaça
Sur de moelleuses peaux longeant la rive amère,
Entre son frère aîné Thrasymède — et son père.
Il leur servit deux parts d’entrailles, leur versa
Dans une coupe d’or, puis, la droite levée,
Dit à Minerve, enfant de Zeus Égiochus :
« Étranger, rends hommage au puissant Neptunus,
Puisque pour son festin tombe votre arrivée.
Ta libation faite, offerts tes justes vœux,
Passe à ton compagnon, pour l’épancher de même,