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Polémistes forcés, quoique l’âge les dole.
Quand de l’airain brillant leur torse est recouvert,
Ouvrant la porte, ils vont, précédés par Ulysse.
Pallas, fille de Zeus, s’adjoint au peloton,
En prenant de Mentor le visage et le ton.
L’ingénieux héros la mire avec délice
Et dit incontinent à son enfant chéri :
« Télémaque, en ce jour de luttes meurtrières,
Où se reconnaîtra le cœur le mieux pétri,
Garde-toi d’avilir la race de tes pères,
Car toujours on vanta son élan, sa vigueur. »
En ces termes repart le sage Télémaque :
« Cher père, si tu veux, lu verras que mon cœur
Ne déshonore pas le sang des rois d’Ithaque. »
Laërte alors jubile et s’écrie impromptu :
« Quel beau jour, dieux cléments ! je frémis d’allégresse ;
Mon fils, mon petit-fils disputent de vertu. »
Minerve aux yeux d’azur, secondant son ivresse :
« Arcésiade, ô toi mon ami le plus cher,
Invoque de Jupin la fille glaucopide,
Puis, lance à tour de bras ton redoutable fer. »

Pallas dit, et lui souffle une force rapide.
Lui donc, priant la vierge au regard azural,
De brandir, de lancer sa pique redoutable.
D’Eupithe il fend le casque à jottes de métal ;
Son crâne est traversé par ce coup formidable.
Bruyamment le chef tombe, et le sol tremble autour.
Ulysse et son bon fils, courant aux premiers hommes,
Les transpercent du glaive et des lances distomes.
Trétous auraient péri, frustrés dans leur retour,
Si Minerve-Pallas, enfant du Porte-égide.