Page:Homère - Odyssée, traduction Séguier, Didot, 1896.djvu/489

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Et se rangent auprès du paternel calice.

Tandis qu’à la campagne ils soulagent leur faim,
L’active Renommée en tous sens par la ville
Annonce des Galants le terrible trépas.
Soudain la multitude au royal domicile,
Criant et gémissant, précipite ses pas.
On emporte les corps, à part on les enterre ;
Puis sur de prompts bateaux on met ceux des forains,
En chargeant des pêcheurs de leur remise austère.
Ensuite à l’Agora tous se rendent chagrins.

Dès qu’ils sont rassemblés, que chacun a pris place,
Eupithès, se levant, s’adresse au peuple assis.
Ce magnat déplorait, dans sa douleur vivace,
Son fils Antinoüs, le premier prince occis.
En répandant des pleurs, il jette ces mots graves :
« Amis, des Achéens cet homme est le fléau.
Emmenant sur sa flotte un grand nombre de braves,
Il perd ses combattants, n’a plus même un radeau,
Puis il fauche, au retour, les meilleurs Céphallènes.
Marchons, avant qu’il aille à Pylos se cacher,
Ou dans la sainte Élide aux forces Épéennes,
Sinon le déshonneur va sur nous s’attacher.
Oui, nous serons honnis des âges qui vont suivre,
Si nous ne vengeons pas nos fils et nos parents.
Quant à moi, je n’aurais aucun plaisir à vivre,
Et j’irais de nos morts tantôt joindre les rangs.
Sus donc ! que nul tueur ne sorte du royaume. »

Ce discours larmoyant émeut chaque auditeur.
Or vers eux du palais, ayant fini leur somme,