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Dans le séjour d’Hadès, que la Terre recèle.

Lorsque Ulysse et les siens eurent fui la cité,
Ils arrivèrent vite au jardin magnifique
Qu’après bien des soucis Laërte avait planté.
Là se trouvait son toit, entouré d’un portique,
Où mangeait, s’asseyait, dormait également
Sa troupe de captifs d’un doux labeur chargée.
Auprès de lui vivait une Sicule âgée
Qui, loin des bruits mondains, le soignait tendrement.

À son fils, aux pasteurs, alors le roi célère :
« Vous, dans le beau manoir pénétrez de ce pas,
Et du meilleur des porcs faites-nous un repas.
Quant à moi, je m’en vais éprouver mon vieux père,
Pour savoir si ses yeux vont, en m’apercevant,
Me reconnaître ou non, au bout de tant d’années. »

Il dit, et leur remet ses armes raffinées.
Eux, d’entrer au logis, tandis que, poursuivant,
L’inquisitif Ulysse en plein verger s’enfonce.
Il ne discerne, au cours d’un examen complet,
Ni Dole, ni ses fils, ni le moindre valet.
Tous, guidés par l’ancien, cherchaient au loin la ronce
Destinée à couvrir le mur de ses réseaux.
Laërte seul est là, dans l’enceinte rurale,
À sarcler une plante ; il porte un chiton sale,
Laid, recousu ; sa jambe est prise en des houseaux
De cuir tout rapiécé, crainte des écorchures.
Des gants sauvent ses doigts des contacts épineux ;
Un casque en peau de chien rembrunit ses allures.