Page:Homère - Odyssée, traduction Séguier, Didot, 1896.djvu/480

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Pourtant dès que surgit l’heure du quatrième,
Que, les mois écoulés, s’accomplirent les jours,
Une esclave aux aguets nous dit son stratagème.
Nous la trouvâmes donc détruisant son labeur :
À regret, elle dut parachever la toile.
Quand elle nous montra, bien lavé, ce grand voile,
Qui des sphères du ciel égalait la splendeur,
Du large un noir démon ramena le monarque
À la pointe de l’île, au buron du porcher.
Bientôt son très cher fils accourut l’y chercher ;
De Pylos la sableuse il rentrait sur sa barque.
Après avoir réglé la misérable mort
Des Prétendants, tous deux gagnèrent l’ample ville :
Ulysse le dernier, Télémaque d’abord.
Le porcher conduisait son maître à l’air sénile,
En pauvre transformé, s’étayant d’un gourdin,
Et n’ayant sur la peau qu’une loque champêtre.
Aucun des chefs présents ne sut le reconnaître,
Même les plus âgés, lorsqu’il parut soudain.
D’emblée on l’assaillit et de coups et d’outrages.
Lui, d’un cœur résigné, sous ses propres lambris,
Endurait nos brocards, nos traitements sauvages.
Mais quand Zeus Égioque eut piqué ses esprits,
Aidé de Télémaque, il enleva les armes
Et sous clef les plaça tout en haut des degrés ;
Puis il fit que la reine aux brigueurs de ses charmes
Apportât son grand arc et les fers échancrés,
Signal immédiat des jeux et du carnage.
Hélas ! aucun de nous ne put de l’arc puissant
Tendre la corde ; en vain nous nous mîmes en nage.
Mais lorsque aux mains d’Ulysse il passait, menaçant,
Nous prohibâmes tous, causant un vif esclandre,