Page:Homère - Odyssée, traduction Séguier, Didot, 1896.djvu/470

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Qui l’avait reconduit ; mais un destin atroce
L’éloigna de sa terre, et l’ouragan vainqueur
De nouveau l’entraîna sur la mer poissonneuse ;
Puis comment Télépyle, abri des Lestrygons,
Fut fatale à sa flotte, à ses chers compagnons,
Tandis qu’il s’échappait dans sa barque poisseuse.
Il conte aussi le dol et les tours de Circé ;
Comment il débarqua près des rives d’Érèbe,
Afin de consulter Tirésias de Thèbe ;
Comment il revit là ses amis du passé,
Et sa mère au doux sein, qui nourrit son enfance.
Des Sirènes il peint les accords langoureux,
De plus les rocs Errants, Charybde au bruit affreux,
Et Scylla, dont toujours quelqu’un subit l’offense ;
Les troupeaux du Soleil par sa troupe immolés ;
Sa carène rompue, aux décharges colères
De Jupiter tonnant ; tous ses braves roulés
Dans l’abîme, et lui seul sauvé des sombres Kères ;
Puis l’île Ogygia, la nymphe Calypso
Le voulant pour époux, et dans sa grotte aimable
L’enchaînant, l’hébergeant, l’assurant tout de go
De l’immortalité, sans qu’un déchet l’accable,
Promesse qui ne put l’ébranler tant soit peu.
Enfin il arriva chez le peuple Phéaque,
Qui, l’accueillant meurtri, l’honora comme un dieu
Et sur un prompt bateau le remit dans Ithaque,
Amplement pourvu d’or, d’airain, de vêtements.
Il se tait, cela dit, et sa tête lassée
Cède au poids du sommeil, baume de nos tourments.

Or, la dive aux yeux pers forme une autre pensée :
Quand elle a calculé que le cœur du héros