Et que l’on ne publie en ville la défaite
Des jeunes amoureux, avant que dans mes bois
Nous soyons remisés : on verra sous leur faîte
Quel bon avis nous vient de l’Olympique voix. »
Il dit ; à son vouloir la compagnie accède.
Les hommes vont au bain, changent d’habillement ;
Chaque femme se pare ; et le divin aède,
Préludant sur son luth, leur souffle promptement
Le désir du chant doux, de la danse parfaite.
L’ample toit retentit sous les pieds des danseurs
Et des vives beautés aux ceintures de fête.
Dehors ces mots perçaient au milieu des rumeurs :
« Certes, quelqu’un épouse aujourd’hui notre reine ;
De son premier mari la pauvre jusqu’au bout
N’a su guetter la voile et garder le domaine. »
Plus d’un jasait ainsi, car l’on ignorait tout.
Cependant au palais l’intendante Eurynome
Lave le noble Ulysse et le frotte d’onguent,
Puis le vêt d’un chiton, d’un pharos élégant.
À son tour Minerva le rend un plus bel homme,
De grâce le pétrit, et sur son torse altier,
Comme fleurs d’hyacinthe, épand sa chevelure.
De même qu’un orfèvre, instruit dans son métier
Par Hépheste et Pallas, verse d’une main sûre
L’or autour de l’argent, parfait une œuvre d’art :
De même elle embellit son regard et ses gestes.
Des étuves le roi sort pareil aux Célestes ;
Ensuite reprenant son fauteuil à l’écart,
Vis-à-vis de sa femme, il lui dit ces paroles :
« Démonne, les tenants de l’Olympien rocher
Page:Homère - Odyssée, traduction Séguier, Didot, 1896.djvu/464
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